Impressive Instants

Les Instants

And I know that love, will change us forever
And I know that love, will keep us together

[Madonna, 2003, Intervention]

Dédié à C.D. mon premier amour, l'amour de ma vie.
Je t‘aimerai pour toujours !

Stefano A.

Il se réveilla en sursaut. Est-ce que quelqu'un un venait de frapper à sa porte où avait-il rêvé? Il faisait encore noir dans sa chambre ; difficile de dire quelle heure était : deux heures, peut-être un peu plus tard, mais l‘aube était encore loin. Dehors il pleuvait ; des gouttes d‘eau tapaient sur la vitre de la fenêtre menées par le vent. Immobile sous le duvet, il se mit à écouter les sons qui rompaient le silence qui régnait dans sa chambre. Puis ce quelqu‘un frappa de nouveau et cette fois avec plus d‘insistance. Alors il bougea : il alluma la lampe de chevet et regarda son réveil : 1 heure 45. Il se leva et se dirigea vers la porte. Inutile de dire que son coeur battait très fort et que durant les cinq pas qui séparent son lit de la porte il imagina au moins cinquante raisons qui auraient pu pousser quelqu'un à le réveiller au coeur de la nuit. Il ne pouvait pas s‘empêcher de penser que quelque chose de grave était arrivé à un des habitants du foyer ; une bagarre ou bien une personne blessée, où encore quelqu‘un qui avait pris des drogues pouvait se trouver de l‘autre côté.

Arrivé à la porte et il hésita encore un instant, indécis si ouvrir ou pas. Un frisson parcourut son dos ; il eut une dernière hésitation puis il mit la clé dans la serrure, il la tourna et il ouvrit la porte. Ce qu'il vit le laissa bouche bée. Ian était devant lui, les larmes aux yeux. Il était trempe de la tête aux pieds et tremblait comme une feuille. Sa voix était cassée par les sanglots quand il demanda à Alexandre (tel était le nom du jeune homme) s‘il pouvait passer la nuit chez lui. Ian n‘allait de toute évidence pas bien et Alexandre, même s‘il avait eu plus d‘une bonne raison pour le laisser dehors, n‘eut pas le coeur de lui tourner le dos en ce moment difficile.

Alexandre fit donc entrer Ian dans sa chambre et il referma la porte à clé. Il lui proposa ensuite des vêtements secs et une tisane calmante. Deux heures du matin : Alexandre faisait chauffer l‘eau pour la tisane de Ian qui s‘était entre temps assis sur son lit. Il ne parlait pas et Alexandre ne lui posait aucune question, même s‘il y en avait des centaines dans sa tête. Son ami souffrait et lui il avait le sentiment d‘être complètement inutile et impuissant et de ne pouvoir rien faire pour soulager ses peines. Il faisait semblant d‘être complètement occupé dans la préparation de la tisane, mais en réalité il observait Ian attentivement. Il fut encore une fois frappé par sa beauté : la plupart de ses amis ne le trouvaient pas tellement beau ; ils disaient qu‘il était juste mignon, un garçon dans la moyenne. Mais pour lui, pour Alexandre, c‘était complètement différent car il était amoureux de Ian et depuis quelques temps il ne le cachait plus. Pour lui ce jeune homme était simplement magnifique, son idéal masculin.

Et maintenant il était là, devant lui ; ses magnifiques cheveux bruns, ces cheveux avec lesquels Alexandre n‘aurait jamais cessé de jouer, étaient en bataille et mouillés. Des larmes chaudes et amères continuaient à couler de ses magnifiques yeux noisette… Ah ces yeux ! Alexandre les aurait reconnus parmi des millions d‘autres ; ils hantaient ses rêves et avaient le pouvoir de le faire fondre comme de la neige exposée aux tièdes rayons du soleil de printemps.

Ian n‘avait pas encore changé ses vêtements trempés de pluie et il frissonnait ; Alexandre lui conseilla d‘enlever son t-shirt avant de tomber sérieusement malade et il se dirigea vers son armoire pour lui en chercher un sec. Ian s‘enleva le t-shirt mouillé et resta à torse nu pendant que Alexandre cherchait dans son armoire. Il tomba enfin sur son t-shirt préféré et il le passa à Ian. Pendant un petit moment notre Alexandre avait pu admirer encore une fois le physique magnifiquement sculpté de Ian. Il faut dire qu‘il n‘avait pas le corps d‘un body builder, mai il était quand même assez grand, mince, bien soigné et plutôt musclé. Alexandre trouvait son corps simplement magnifique et parfait ; il l‘aurait tripoté et caressé pendant des heures et des heures s‘il avait eu la possibilité de le faire. Ian mit le t-shirt et retourna s‘asseoir sur le lit, tandis qu‘Alexandre retourna à ce qui l‘occupait auparavant.

Quelques minutes plus tard la tisane était finalement prête et Alexandre la passa à Ian. Il buvait en silence ; les larmes avaient cessé de couler et il semblait un petit peu plus calme qu‘avant. Alexande s‘était entre temps assis à côté de lui, il le regardait, sans toutefois oser rompre le silence qui régnait dans la chambre ; il gardait ses questions pour lui (et cela lui coûtait un grand effort) car il savait que Ian lui aurait parlé spontanément de ce qui l‘affligeait s‘il en aurait ressenti le besoin. Mais pour le moment Ian ne semblait pas vouloir en parler ; il finit sa tasse, il s‘allongea sur le lit et quelques minutes après il dormait paisiblement.

Alexandre resta assis à sa place et commença à regarder Ian dormir. Il était comme hypnotisé et il ne pouvait pas s‘empêcher de le regarder ; Ian était comme une drogue, sa drogue, et Alexandre en était complètement dépendant. En même temps, dans sa tête tout se mélangeait : souvenirs, espoirs, rêves, discussions… tout ce qui concernait Ian revenait à la surface. Et tout à coup Alexandre se repensa à la dispute qu‘il y avait eu entre eux quelques semaines auparavant. Il se rendit compte qu‘il ne l‘avait plus vu depuis… jusqu‘à ce soir-là… Alexandre avait essayé de l‘appeler pour s‘excuser et chercher à arranger les choses, mais Ian n‘avais pas répondu à ses appels ; il l‘avait ignoré et cela lui avait fait très mal. Mais à la fin Ian était venu le chercher pour demander son aide et Alexandre avait rapidement oublié la dispute.

Il avait même du mal à se rappeler la cause du litige ; pourquoi s‘était-il enguelé avec Ian ? Il dut chercher pendant un bon moment avant de trouver la réponse ; d‘abord il pensa que c‘était à cause de ses sentiments pour lui mais la raison ne pouvait pas être celle-là car Ian était au courant du fait qu‘Alexandre l‘aimait depuis plusieurs mois et cela ne l‘avait jamais dérangé, et encore, à la limite il s‘en foutait. Non il y avait une autre raison… ce soir là Alexandre en voulait à Ian car il se sentait mis de côté ; oui c‘était ça ! Sa tête arrivait peu à peu à reconstituer les faits. Alexandre s‘était énervé parce que Ian n‘avait jamais de temps à lui consacrer ; il avait du mal à l‘accepter et il avait décidé de le lui dire et c‘est justement ça qui a déclenché la dispute. Ils se sont insultés et chacun était parvenu à blesser l‘autre. Blessé par les mots de Ian, Alexandre était parti en larmes et il n‘avait plus eu de contacts avec son ami. Jusqu‘à ce soir là…

Les souvenirs liés à cette dispute avaient rapidement refait surface et en repensant aux faits Alexandre se dit qu‘ils n‘auraient pas pu se disputer pour une raison plus débile que celle qui avait mené à cet éloignement récent, une séparation qui avait beaucoup pesé à Alexandre. Il se rappela le malaise qu‘il avait éprouvé durant les deux jours qui suivirent. A chaque fois qu‘il pensait au litige ou à Ian il fondait en larmes et il avait mal au coeur, comme si tout à coup une lame l‘avait transpercé. A partir du troisième jour il avait commencé à occuper sa tête pour ne pas y penser ; il avait commencé à réviser pour ses examens, à lire et à passer des heures plongé dans ses réflexions. Tout cela marchait tellement bien qu‘en quelques jours il ait réussi à estomper les souvenirs de la dispute et à maîtriser ses sentiments pour Ian.

Trois semaines s‘étaient écoulées depuis cette soirée-là et maintenant Ian était là, dans sa chambre, sur son lit. Alexandre l‘observait, perdu dans ses pensées. Il n‘arrivait pas à croire qu‘il avait pu se disputer avec Ian de façon aussi violente ; tout à coup il s‘en voulait et se disait qu‘il aurait dû faire plus gaffe avant d‘ouvrir sa grosse gueule. Et encore une fois il justifiait la conduite de Ian tout en se culpabilisant lui-même pour des fautes qui n‘étaient pas non plus les siennes. Notre Alexandre était tellement dingue de son Ian qu‘il trouvait toujours la manière de justifier chez lui des conduites qu‘il n‘appréciait pas du tout chez des autres personnes. C‘est fou comme on arrive à faire des sacrifices quand on aime vraiment quelqu‘un…

Ian continuait à dormir paisiblement. Les larmes mouillaient toujours ses joues ; Alexandre sortir un mouchoir du paquet qu‘il tenait dans son chevet et il essuya doucement le visage de son amour. Ensuite il se pencha sur lui et lui fit un bisou sur le front, avant de se coucher à côté de lui et éteindre la lumière. Il était 2 heures 45 ! Il essaya de dormir, mais il n‘y arrivait pas ; il ne pouvait pas arrêter de se demander pourquoi Ian était arrivé chez lui dans un état pareil. Il ne l‘avait jamais vu comme ça et cela l‘inquiétait car Ian était normalement quelqu‘un de très fort et solide, qui arrivait à maîtriser toute sorte de situation… mais cette fois il semblait complètement paumé et dépourvu de sa force habituelle et Alexandre en déduit que le problème devait être assez sérieux…

Dehors La pluie continuait à tomber… un bruit monotone mais relaxant qui était accompagné uniquement par celui du réveil marquant le passer du temps, seconde après seconde, minute après minute, heure après heure… Ils étaient les seuls bruits qui rompaient le silence régnant dans la chambre. Soudain, alors qu‘Alexandre commençait à s‘endormir, le sommeil de Ian devint de plus en plus troublé ; visiblement il était en train de faire un cauchemar : sa respiration était devenue plus lourde et il avait commencé à bouger et à se tordre, comme s‘il avait voulu se libérer de quelque chose qui le serrait. Alexandre observait la silhouette de Ian dans le noir et ne pouvait pas s‘empêcher de s‘inquiéter pour lui.

Soudain Ian poussa un cri qui fit sursauter Alexandre, puis il s‘assit sur le lit et recommença à sangloter. Alexandre alluma la lumière, s‘assit à côté de lui et posa sa main droite sur l‘épaule de Ian pour le réconforter. Et ce fut en ce moment, lorsque la main d‘Alexandre se posait sur l‘épaule de Ian, qui se produit quelque chose : Ian se jeta dans les bras d‘Alexandre. Il pleurait et entre un sanglot et l‘autre il implorait Alexandre de ne pas le laisser seul, de ne pas l‘abandonner. Inutile de dire que notre Alexandre fut d‘abord étonné face à ce qui venait de se produire ; c‘est vrai qu‘il avait rêvé des centaines de fois de serrer Ian dans ses bras, mais il n‘aurait jamais cru que cela serait arrivé, un jour, en dehors de ses rêves. Après quelques secondes de stupeur Alexandre serra Ian dans ses bras et chercha à le consoler.

Alexandre perdit toute notion de temps ; combien de temps avaient-ils passé l‘un dans les bras de l‘autre ? Il ne pouvait pas le dire ; Ian avait entre temps cessé de pleurer et s‘était un peu calmé. De son côté Alexandre continuait à le serrer dans ses bras et à lui murmurer des mots pour le réconforter. Il aurait voulu que ce moment ne finisse jamais, qu‘il dure pour toujours et que Ian reste dans ses bras pour toute l‘éternité, mais il savait que cela n‘était pas possible. Ian s‘installa plus confortablement dans les bras d‘Alexandre et ferma les yeux. Quelques minutes après il dormait de nouveau paisiblement. Il était 4 heures du matin.

Alexandre observa son amour endormi pendant un petit moment, Il était tellement beau ! Il était son ange et il n‘aurait permis à personne de lui faire du mal. Ensuite, à son tour, il s‘installa plus confortablement dans son lit, ajusta l‘oreiller, et éteint la lumière. Quelques minutes après il dormait paisiblement avec son Ian toujours dans ses bras.

Il dormit comme il n‘avait plus dormi depuis longtemps ; d‘un sommeil tranquille, peuplé de beaux rêves. Les cauchemars qui avaient hanté son sommeil pendant les nuits des semaines précédentes étaient désormais un souvenir très lointain. Quand il se réveilla il faisait déjà jour ; il était 9 heures du matin. Il aurait dû se lever pour aller en cours à l‘université, mais il n‘avait aucune envie d‘aller écouter son professeur d‘histoire médiévale ; en plus il n‘avait pas du tout envie de quitter Ian qui dormait encore dans ses bras. Il avait un air tellement tranquille et innocent et cela fit sourire Alexandre.

Le moment était toutefois magique : les premiers rayons de soleil, les premiers rayons après plusieurs journées de pluie, rentraient dans la chambre. Une petite brise invitait danser les rideaux et dehors les oiseaux chantaient gaiement. Alexandre ferma les yeux pour mieux savourer cet instant ; il pouvait même entendre le coeur de Ian battre et sentir son torse se lever et se baisser au rythme de sa respiration qui effleurait son cou. Il était en paix avec lui-même et avec le monde et il souhaita que cela dure pour toujours. Quelques minutes après Alexandre s‘endormit de nouveau.

Il fut réveillé par une caresse ; la première chose qu‘il vit quand il ouvrit les yeux furent les magnifiques yeux noisette de Ian qui le fixaient tendrement. Ah ces yeux ! Il avait rêvé des milliers des fois qu‘ils puissent un jour le regarder comme ils étaient en train de faire. Alexandre et Ian se regardèrent dans les yeux pendant quelques instants, ensuite leur bouches, comme deux parties d‘un aimant, se cherchèrent, se trouvèrent et échangèrent le baiser le plus doux et tendre du monde. Elles ne pouvaient pas faire autrement car Alexandre et Ian étaient destinés à se rencontrer et à s‘aimer ; c‘était juste une question de temps, mais tôt ou tard leurs bouches auraient fini par se retrouver.

Alexandre n‘arrivait pas à croire à ce qui venait de se produire ; il n‘arrivait pas à comprendre s‘il était en train de rêver ou bien si tout était réellement en train de se passer. En tout cas il savait qu‘il avait rarement été aussi heureux dans sa vie qu‘en ce moment. Bientôt il se rendit compte que tout cela était bien réel, que Ian et lui étaient vraiment en train de s‘embrasser et des larmes commencèrent à couler de ses yeux. Son rêve, son rêve d‘amour était enfin en train de devenir réalité. Ian éprouvait quelque chose pour lui… sinon il ne l‘aurait pas embrassé… Mais pour un instant le doute fit surface dans la tête d‘Alexandre : et s‘il était juste en train de se foutre de lui ? Et si en réalité il l‘embrassait juste comme ça, sans donner d‘importance au geste ? Non ! Alexandre ne pouvait pas le croire et il s‘imposa d‘arrêter de penser à ce genre de choses… Il savait que Ian n‘aurait jamais joué avec ses sentiments.

Le baiser dura plusieurs minutes ; leurs bouches semblaient ne pas avoir hâte de se séparer, de renoncer à ce contact privilégié avec l‘autre. Les larmes continuaient à couler sur les joues d‘Alexandre mais Ian s‘en aperçut seulement quand le baiser finit. Il adressa un tendre sourire à son Alexandre, il lui caressa les joues et lui demanda :

„Pourquoi tu pleures patate ?"

„Tu ne peux même pas imaginer combien de fois j‘ai vécu cet instant dans mes rêves, ni combien de fois j‘ai espéré que ceci se passe vraiment, dans la réalité. Tu ne peux même pas imaginer combien de fois j‘aurais juste voulu te serrer dans mes bras et poser mes lèvres sur les tiennes. „

„Mais pourquoi tu l‘as pas fait ?"

„Parce que je ne pensais pas que tu aurais apprécié. J‘ai toujours pensé que tu étais hétéro et que tu me voyais juste comme un très bon copain ; j‘avais peur que tu te moques de moi ou me rejettes si j‘essayais de te forcer la main. J‘avais trop peur de perdre ton amitié donc j‘ai décidé de me taire.

Mais avant que je commence à me faire trop d‘illusions par rapport à ce baiser, dis-moi une chose : est-ce que tu m‘as embrassé parce que tu ressens quelque chose pour moi ou bien c‘était un geste sans importance, quelque chose que tu as fait juste pour t‘amuser. Je te le demande parce que je ne voudrais pas que tu joues avec mes sentiments… „

Alexandre n‘avait pas pu s‘empêcher de poser cette question à Ian ; au fond de son coeur il avait peut d‘être blessé et qu‘on joue avec ses sentiments. Donc, avant que cette histoire aille trop loin, il voulait savoir, même si la vérité aurait pu lui faire du mal. Ian le regarda tendrement, il sourit et puis il commença à parler :

„Je comprends tout à fait que tu puisses ressentir le besoin de me poser une telle question ; je ne me suis pas toujours conduit de manière exemplaire avec toi. Je t‘ai déjà blessé plusieurs fois volontairement et je comprends que tu puisses penser que je pourrais encore le faire. Je m‘en veux tellement pour t‘avoir fait autant de mal…"

„Mais non c‘est pas gr…"

„S‘il te plait Alexandre, laisse-moi finir de dire ce que je veux te dire… c‘est déjà tellement difficile comme ça… Donc, je disais que je ne me suis pas toujours conduit de manière exemplaire avec toi ; c‘est difficile à expliquer, mais d‘un certain côté j‘avais peur ! Tu m‘as marqué dès notre première rencontre Alexandre. J‘ai tout de suite ressenti quelque chose de bizarre pour toi, mais en même temps quelque chose de très puissant… Quand t‘étais à côté de moi je ne me sentais pas tout à fait moi-même.

Et cela me faisait peur… Je perdais la maîtrise de mes sentiments et de mes émotions. Pour remédier à cela j‘ai tout essayé : je me suis mal conduit avec toi, j‘ai évité de te voir, mais rien ne marchait. Tu me faisais toujours le même effet… et encore… à chaque fois que je me comportais mal avec toi, que je te blessais, j‘étais mal à mon tour. Je n‘arrivais pas à comprendre pourquoi je n‘arrivais pas à maîtriser mes sentiments pour toi."

„Tu n‘es pas le seul Ian. Pendant des mois et des mois je n‘arrivais pas à comprendre pourquoi tu avais des tels effets sur moi. Je me disais que j‘avais plein d‘amis hommes, mais aucun d‘entre eux arrivait à me faire éprouver les mêmes sentiments que toi… puis j‘ai compris la raison (ou je l‘ai plutôt acceptée) : j‘étais amoureux de toi et c‘est justement à ce moment, quand j‘ai mis au clair mes sentiments pour toi, que j‘ai été prêt à faire mon coming out."

„Eh ben tu n‘es pas le seul qui a subi les effets de ton coming out. Tu te rappelles le jour où tu es venu me dire que t‘étais gay et que t‘éprouvais des sentiments très forts pour moi ? Eh bien je n‘ai pas dormi cette nuit-là ! Je repensais à toi : ton regard était voilé d‘une telle tristesse… tu croyais de n‘avoir aucune chance avec moi car tu me croyais hétéro. Ce jour-là ta tendresse, ta franchise et ta tristesse m‘ont bouleversé. Elles ont touche mon coeur et je n‘ai plus été le même depuis.

Les jours qui suivirent j‘ai longuement réfléchi à mes sentiments pour toi et je me suis à peu à peu rendu compte que j‘étais aussi amoureux de toi. Cela me faisait peur, encore plus peur qu‘avant, et il m‘a fallu beaucoup de temps pour l‘accepter. Le soir de notre dispute j‘ai été volontairement plus méchant et salaud que d‘habitude : je voulais te blesser et te pousser à me blesser à ton tour, de manière à mettre fin à notre amitié. Je voyais tout cela comme ma dernière chance de prouver à moi-même que je n‘étais pas amoureux de toi, que j‘avais déconné… eh bien je me trompais…"

Des larmes commencèrent de nouveau à couler sur les joues de Ian, mais il continua son discours :

„Au moment où t‘as quitté la pièce, au moment exacte que je suis resté seul, je me suis écroulé sur le sol et j‘ai commencé à pleurer. J‘étais complètement malheureux. Durant ces derniers jours je n‘ai pas cessé de penser à toi ; je m‘en voulais tellement pour ma manière d‘agir… t‘avais raison de dire que je te mettais de côté et t‘avais raison à m‘en vouloir… et c‘est pour ça que hier soir je suis venu ici… pour te voir, je devais te voir et je le voulais aussi. Je devais m‘excuser pour ce que j‘avais fait et en même temps j‘aurais voulu trouver le courage pour te dire que je t‘aime aussi Alexandre, et de tout mon coeur !"

Alexandre serra Ian dans ses bras. Il avait de nouveau les larmes aux yeux et il se sentait comme au milieu d‘un de ses rêves, un de ces rêves d‘amour dans lesquels il a souvent vu Ian venir vers lui et lui dire qu‘il partageait les mêmes sentiments que lui…

„Oh Ian, ça me fait un pincement au coeur de voir combien tu as souffert pour moi. Je t‘aime trop pour permettre que tu souffres encore comme ça. T‘es ma lumière, mon soleil, mon univers et mon seul désir est celui de passer le reste de ma vie avec toi, mon amour."

„C‘est le mien aussi, mon cher Alexandre ! Je t‘aime !"

Leur bouches se cherchèrent encore une fois et se trouvèrent ; Alexandre et Ian devinrent une seule chose… la fusion parfaite de deux corps et de deux âmes eut lieu en ce moment. Durant le baiser, les mains des deux jeunes hommes commencèrent à caresser la peau de l‘autre et à se balader sur le corps de leur amour. Pour Alexandre c‘était un rêve qui devenait enfin réalité… il caressait le corps de Ian et Ian faisait la même chose. Leurs mains exploraient leurs corps, et tout le désir qu‘ils avaient réprimé pendant longtemps explosa.

Il firent l‘amour une première fois, puis une deuxième et un troisième. Ils cherchaient ce contact privilégié avec l‘autre, ils ne pouvaient et ils ne voulaient pas s‘en passer. Leurs corps et leurs âmes étaient unis dans un rêve d‘amour destiné à durer pour l‘éternité. Alexandre et Ian s‘étaient finalement retrouvés après une longue recherche.

Ainsi débutait leur histoire d‘amour, une histoire pleine de passion, de tendresse mais aussi de sexe (eh oui il faut bien qu‘il y ait aussi ça dans un couple). Mais cela est une autre histoire et pour ce qui me concerne je m‘arrêterai là. Je ne sais pas si je vais vous raconter un jour la suite des aventures d‘Alexandre et Ian… Leur histoire d‘amour c‘est justement leur histoire et je pense qu‘ils n‘apprécieraient pas énormément que moi je me mette à la raconter à tout le monde…

par Stefano A.
Neuchâtel, le 13 mai 2005

Ecrit par Impressive, le Vendredi 13 Mai 2005, 11:53 dans la rubrique "Le Journal Intime".

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